Altrad : des services durables en Angola

Angola, le 28 juin 2021

Kapassui Canungue, directeur général d'Altrad Services en Angola, parle à « The Energy Year » de la concurrence sur le marché angolais au niveau des services au secteur pétrolier, et de la meilleure façon de soutenir le développement du « local content ». Altrad Services fournit des services techniques et d'ingénierie, principalement pour les secteurs du pétrole et du gaz et de la production d'énergie.

Comment le marché des services au secteur pétrolier évolue-t-il en termes de concurrence ?

Le marché est devenu plus agressif. Les prestataires n'ont pas assez de travail pour poursuivre sereinement leur activité, alors tout le monde essaie de tout faire. Avant, nous n'étions actifs que dans des segments sélectionnés. Vous saviez que certaines entreprises n'étaient pas vos concurrents. Maintenant, tout le monde veut tout faire. Lorsque vous voyez une liste de concurrents pour un appel d'offres, vous vous demandez comment certaines entreprises sont arrivées là – notamment celles qui ne faisaient pas ce genre de travail auparavant.

Certaines entreprises tentent de pratiquer le dumping des prix, car elles veulent vous prendre le marché. En termes de coût, leur offre n'est pas viable. Nous pensons que le régulateur devrait surveiller cela de plus près, pour éviter de tuer les entreprises qui se sont construites en Angola pendant tant d'années sur la base de services durables. Ce sont ces entreprises qui assureront la continuité de la production pétrolière.

Comment avez-vous réussi à assurer la continuité des activités tout au long de 2020 ?

L'année 2020 a été très difficile. Au début de l'année, nous avons dû arrêter l'activité en raison du confinement et de la pandémie. Nous cherchions des moyens de poursuivre nos activités. C'était une situation très difficile, mais nous nous sommes adaptés. Nous avons dû réduire le nombre d'employés que nous avons ici et mettre en place certaines procédures qui se sont avérées nécessaires. Par exemple, au niveau du siège social, nous avons dû créer un espace de quarantaine pour isoler les personnes qui partaient en mer afin de nous assurer qu'elles n'étaient pas contaminées par la Covid-19. Cette base de quarantaine a été dûment certifiée par le MINSA [ministère de la Santé], et depuis lors, nous avons pu reprendre lentement nos activités.

Comment la pandémie a-t-elle affecté votre structure au niveau des ressources humaines ?

La situation a été difficile. La partie la plus compliquée de la pandémie a été de réduire cette structure, ce que nous avons été obligés de faire car notre volume de travail a été réduit. Nous n'avions pas le choix et avons dû nous séparer de certains collaborateurs - environ 900 personnes sur un total de 1 600 employés. Dans une situation comme celle-là, on essaie de choisir les meilleures personnes et de les garder. Mais dans l'ensemble, c'était extrêmement difficile.

À ce jour, quels types de services fournissez-vous ?

Les principaux services proposés sont la peinture, les échafaudages et l'isolation, et accessoirement, la mécanique onshore, le gréement et le levage, la maintenance des grues, le remplacement des torches, le nettoyage des réservoirs et le dessablage en ligne. La partie mécanique, nous la réalisons principalement à Cabinda avec Chevron, où nous fournissons des services mécaniques à terre. Nous réparons les réservoirs et effectuons également le nettoyage de ces réservoirs. Pour ce qui est de la peinture et des échafaudages, nous nous occupons surtout des campagnes offshore. C'est tout ce que nous faisons en ce moment.

Nous travaillons dans tout le pays avec différents opérateurs, de Total à Chevron, BP, Exxon et Sonangol. Nous avons travaillé avec tous ces clients en fournissant tous les services que nous sommes capables de proposer.

Altrad Services cherche-t-il à déployer de nouvelles technologies ou de nouveaux services pour réduire le coût de ses opérations ?

Oui. Nous sommes en quête d’innovation. Nous passons par un processus de conception permanent et nous nous positionnons de la sorte pour être compétitifs. Nous essayons de nous adapter afin de poursuivre nos activités.

Par exemple, nous le faisons sur la base de nos synergies au sein de notre groupe Altrad, à l’international, en fournissant par exemple le remplacement des torches des FPSO. À l'époque, auparavant, on utilisait un hélicoptère pour changer un nez de torche. C'était très coûteux. Aujourd'hui, nous avons un système dans lequel nous utilisons des cordistes qui se rendent sur place via un système sur mesure qui leur permet d'effectuer le changement. C'est également moins cher. C'est le type de solution que nous essayons de trouver pour réduire les coûts.

Une autre innovation concerne les moyens que nous utilisons pour le nettoyage des réservoirs. Auparavant, nous utilisions des camions pour ces opérations mais, aujourd'hui, nous le faisons uniquement à l'aide de la main-d'œuvre. C'est moins coûteux, et le temps d'intervention est plus efficace. Par exemple, nous avons essayé d'adapter nos échafaudages afin d'être plus performants lorsqu'il s'agit de les monter ou de les démonter.

En prévision des appels d'offres de 2021, quels types d'opportunités envisagez-vous ?

Nous nous intéressons aux services mécaniques et aux services de maintenance en matière de revêtements, tout comme à la construction. Nous essayons de nous concentrer davantage sur un système de solutions intégrées. Cela nous permettra de développer de meilleurs programmes de maintenance, en veillant à ce que nous terminions les projets à temps. Un exemple de ces solutions intégrées peut être observé dans notre prochaine campagne de revamping du bloc 3 pour Sonangol P&P.

Comment préserver le développement du « local content » ?

Je pense que si l'ANPG [Agence nationale du pétrole, du gaz et des biocarburants] veut vraiment parvenir à faire de l'angolisation une réalité, nous devons créer les moyens de soutenir les entreprises qui continuent à former des personnes localement. Sinon, il sera difficile de garantir que nous continuions à progresser.

Par exemple, nous avons perdu un contrat avec Total, qui était notre principal contrat dans le domaine des services d'accès. Nous avons dû licencier environ 500 personnes pour cette raison. Un aspect particulièrement douloureux de cette situation est que certains de ces employés avaient plus de 15 ans de formation et d'expérience en interne - un résultat de notre forte concentration sur l'angolisation. Nous avons réussi à en garder certains, mais c'était difficile. Nous devons donc repartir de zéro pour former des gens, ailleurs sur d’autres projets.

Globalement, nous sommes aujourd'hui à environ 95% d'employés locaux et 5% d'expatriés. Nous visons maintenant l'angolanisation des postes de direction. Je suis angolais et notre directeur du développement commercial et notre directeur financier le sont également. Nos ateliers de Lobito, Cabinda et Soyo sont entièrement gérés et managés par des Angolais.

Nous développons également des partenariats solides avec les fournisseurs locaux, en les aidant à se développer et à devenir plus cohérents dans les réponses qu’ils nous apportent.

À votre avis, quelles sont les priorités du pays pour mettre fin au déclin de la production pétrolière ?

Je pense qu'il faut poursuivre la construction de nouveaux puits. Ce qu'il faut faire, c'est continuer à chercher de nouvelles réserves et s'assurer que nous pouvons maintenir le niveau de production que nous avons aujourd'hui. L'Angola dépend encore beaucoup du pétrole et du gaz, ce n'est donc pas une bonne chose de laisser la production baisser. Il est trop tôt pour cela. Peut-être que d'ici 50 ans, les choses pourraient changer.

Dans le même temps, nous devons tous continuer à investir en Angola et à soutenir ses entrepreneurs. Si nous avons un emploi, nous pouvons aider d'autres entrepreneurs en leur donnant du travail et en veillant à développer le local content. C'est une situation gagnant-gagnant pour tout le monde.

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